lundi 4 février 2013

Film : Le Fleuve, Jean Renoir

L'affiche m'avait intriguée et promettait une esthétique raffinée d'une Inde vue à travers les yeux de Renoir. Et au final, je n'ai pas été déçue. Promesse tenue de cette oeuvre cinématographique qui date de 1950. Avant gardiste dans le traitement de l'Ailleurs qui se déprend des clichés sur l'exotisme de l'époque et s'attache à une vision documentaire, elle a certes un peu vieillie tout en s'enrichissant de cette patine du temps du Technicolor aux charmes des couleurs, comme du jeu des acteurs. La bande originale, est aussi moderne pour l'époque, des morceaux traditionnels enregistrés là-bas ou des extraits classiques européens (Schumann, Mozart).

L'histoire ?

Une adolescente expatriée avec sa famille britannique à Calcutta, Harriet raconte son passage à l'âge adulte: son premier amour, la mort de son petit frère, la naissance du dernier...

Que dirai-je?

Oeuvre intemporelle, le thème principal traite de notre existence. Comme Harriet, nous découvrons les premiers émois, l'amitié (Comment ferait Harriet sans son trio d'amies et l'estropié de guerre qui la console?), l'amour, les moments de joie, le temps qui passent ponctués par les us et coutumes hindoues, les naissances mais aussi la mort des êtres chers, qui surviennent autours du Gange, fleuve sacré, Nature qui nous survit... La sagesse hindoue est invoquée en Kali, déesse de création et de la destruction. Mais les scénaristes (occidentaux?), n'abandonnent point cette nostalgie de l'enfance qui nous envahit quand nous sentons ce temps s'écouler de nos doigts comme les grains fins de sable.
Oeuvre ambitieuse, deux thèmes sont effleurés et auraient mérité d'être développés pour le premier dans le scénario princeps, pour le second dans une « Suite » ? « Renoir et Rumer Godden ressuscités! »
Le premier, qui n'est pas des moindres: La mort du petit frère.
Le second relève d'une rencontre du cinéaste avec une femme indienne extraordinaire pour qui un personnage a été créé: Mélanie, indienne de mère et britannique de père qui souffre de ce problème identitaire et existentiel ! Or il est malheureusement évacuée de façon bien maladroite par le père de la jeune fille, qui se plaignant pour elle de sa situation, conclue devant elle: « tu n'aurais pas du naitre ». Ce qui n'est pas relevé par Mélanie si « sage », qui pourtant dédaigne son soupirant indien prêt à lui donner une caste et poursuit son amourette avec les deux autre jeunes filles occidentales.

Maintenant, il faut lire le roman pour un prochain Challenge peut être ...

(Pour la petite histoire, Boudé par les grands studios américains c'est un fleuriste Kenneth McEldowney qui releva le défi de produire « le Fleuve » ...)





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