samedi 27 juillet 2013

FESTIVAL AVIGNON-2: To BE Hamlet OR NOT ! de Charlotte Rondelez, La Cie LES éCLANChES


Je peux vous le dire et avec une certaine fierté féminine (non surtout pas Femen!):
Ophélie ne sera plus une oie blanche, elle ne sera plus « moins que un ».
Quant à Hamlet, je vous laisse découvrir son destin dans cette création-feux d'artifice*.

Dans la plus pure tradition anglo-saxonne, Charlotte Rondelez nous livre une fable irrévérencieuse, enthousiasmante et habile. Sans temps mort (eh!eh!).
Le thème n'est pourtant pas des plus faciles à aborder et l'on pourrait glisser sur une peau de banane tel un discours philosophico-verbeux pour « faire intelligent ». Heureusement, l'auteure et les comédiens ne se prennent pas au sérieux et les aventures comme le divertissement sont au première loge.

Mais de quoi parle donc To BE Hamlet or NOT?
De la révolte du mélancolique prince danois qui porte la phrase existentielle comme une fleure à sa boutonnière. Il va tenter de s'affranchir de l'implacable mécanique de sa destinée tragique (et de la nôtre?). Pour se faire, nous le suivons avec plaisir et découvrons avec lui:
  • (Contre toute attente et pour un instant de pure délice pour le spectateur) Que ses acolytes désirent coûte que coûte connaître le trépas ! Il veulent suivre le chemin tracé par Shakespeare; lequel en bon dramaturge (le meilleur non?!) plonge ses protagonistes dans les pires souffrances qui soient (ou conflits si on lit Yves Lavandier:) ) puis se dore la pilule au soleil avec des plantureuses « pépés » (Dois-je rajouter que c'est le Fantasme d'un chasseur de Baleine?)
  • Une galerie de personnages de romans, ainsi qu' une réalisatrice colérique affublée de son assistante, d'un preneur de son râleur et d'un acteur « qui se la raconte ». Sans compter un personnage improbable qui brille par son absence dans la pièce qui porte son nom (vous donnez votre langue au cat?) et un champignon, à multiples localisations livresques comme aussi dans un certain jeux vidéo, qui l'accompagne.

La suite : bouche cousue.... Je suis sadique.
Bref, Un grand moment de fous rire passés avec des comédiens qui incarnent (je dis bien incarnent) avec talent leurs nombreux personnages.
Une comédie qui prends nos tripes et peut (si on veut mais ce n'est pas une obligation) nous amener à réfléchir sur la notion de destinée, sur nos choix, sur faire table rase ou pas....

Un spectacle qui ne laisse pas indifférent, comme mon voisin amer et engoncé dans son casier intellectuel qui trépignait d'indignation alors que la salle était hilare.
Un spectacle qui m'a donnée des ailes...
D'une créativité jouissive.

*qui se joue au festival d'Avignon, théâtre Notre Dame jusqu'au 31 juillet et certainement plus tard, dans d'autres lieux
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FESTIVAL D'AVIGNON-1 où l'art est un enfant autant indiscipliné que discipliné.


Quand de viens au Festival d'Avignon, je retrouve un peu de Venise-en-pleine-Biennale. Cela peut sembler étonnant ou snob (« elle a placé qu'elle va aussi à Venise !»). Pourtant, je retrouve le même air, le même goût de son « off » où « s'exposent » des artistes du monde dans les maisons et hôtels particuliers.
En plus fou, en plus insensé et « chaud bouillant » (private clin d'oeil aux mangeurs de lapin) !
Les pancartes fardent la ville de bas en haut!
Les artistes l'envahissent,
alpaguent les passants,
chantent,
discourent,
« perform » aux terrasses de cafés...
On joue dans les écoles, les collèges, les églises, les hangars, les boutiques,...
On tracte,
on s'habille,
on s'invente et on invente une réalité parallèle (quoique...).
Avignon foisonne de créativité !
A chaque ruelle,
des explosions de confettis,
de mondes bariolés,
des plus variés...

La ville est à la croisées des imaginaires, elle autorise les lâchers prises, les mises en abîmes, les Clowneries au sens le plus Noble du terme (avec des armoiries s'il vous plaît).
Comme dans un laboratoire, le comédien nous fait découvrir ce paradoxe qu'exige le talent : Il est un enfant aussi indiscipliné qu'il est discipliné! Curieux et insatiable, il n'a pas peur du ridicule, il se moque de « comment il faut faire, il faut penser, de ce qu'il faut ou pas apprécier, encenser » (Ah Hamlet...)!
Je me paye une tranche de off et j'en redemande, je m'abreuve et recharge mes batteries pour mieux me précipiter dans mes mondes futurs que j'écrirai quand le festival s'achèvera... (Bouh!!!! Et Ouf!!!)

Et je demande une minute de silence en mémoire des chaussettes orphelines... To be a socket or not?! (private joke for To Be Hamlet or Not)


(Pour en savoir plus sur le Festival d'Avignon: cliquer ici
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samedi 20 juillet 2013

Lecture: Les plus qu'humains, Theodore Sturgeon


J'ai déniché ce roman chez un bouquiniste et découvert "enfin"Theodore Sturgeon, auteur "qui a influencé des grands noms de la littératures de SF comme Ray Bradbury"! Alors comment ne pas remercier celui qui s'en est délesté un jour pour vider sa bibliothèque? MERCI.

Comme toujours, pour ce qui me concerne et bien d'autres lecteurs "lambda", la couv', le titre et la 4ème de couv' m'ont épinglée. c'est ainsi que pour une très modique somme, j'ai acquis ce monument primé en 1954 par le "Award Fantasy International"  (si si vous pouvez trouver des référencescliquer ici)
Pour le prix, je ne l'ai appris qu'aujourd'hui après avoir googliser Edward Hamilton Waldo de son vrai nom. La 4ème de couv' me l'avait cachée! Elle sera fouettée...
Jusque là, j'avais retenu après lecture de cette oeuvre dérangeante (bien plus en son temps, je présume) la prose de HW. Et quel rythme!
L'écriture de WH (cette inversion est faite exprès) m'a enthousiasmée par sa modernité, sa musicalité (même en traduction!).  Je garde ainsi un souvenir vif de la course folle dans les bois d'un de ses protagonistes, le curieux regard d'une drôle de petite bonne femme, la frustration d'une jeune adolescente, les soeurs siamoises ou jumelles ou évaporées...

L'univers des "Plus qu'humain" est âpre et étrange. Il est traite d'enfants maltraités, négligés, aliénés... Bref d'estropiés de la vie lesquels portent en eux un don. Un don qui est dû certainement à leur naïveté, leur a-socialité, leur vie en marge de la société. Les adultes ne font que passés et ne voient pas la substantifique moelle de la vie!
Le récit, composé initialement de trois nouvelles (ce qui se sent dans la lecture) parle d'un petit groupe de ces laissés pour compte qui se forment autours d'un crétin. Par leur vie commune, ils créent  un corps "plus qu'humain", un être doué de télékynésie, de télépathie dont la tête pensante et présciente est "bébé". Et Sturgeon touche les théories : Gestalt, et sociale de l'organisme.  Je vous laisse découvrir ...

Le dialogue intérieur de ces enfants s'est révélé pour moi bien plus fort et subtil que celui de Benjy dans Le Bruit et la fureur; n'en déplaise aux amateurs de Faulkner.
Malheureusement l'oeuvre est rattrapée par son temps et "la société" de l'époque... La vivacité des personnages laisse place à un discours psychanalysant et poussiéreux qui m'ont ennuyée...  Ce monument m'est tombé des mains. Je le lisais avec frénésie puis, déçue, je l'ai boudée... Avant de le reprendre et de finir en diagonale... Du fou? 

Qu'aurai-je fait en 1954, ou plus tard à mes 16 ans? J'aurai encensé Sturgeon et dévoré Les plus qu'humain. Moi aussi je suis issue d'une société... Il reste que Chapeau l'artiste!

Pour savoir un peu plus sur Edward Hamilton Waldo: cliquer ici
Pour savoir un peu plus sur Le Bruit et la Fureur: cliquer ici