L'affiche
m'avait intriguée et promettait une esthétique raffinée d'une Inde
vue à travers les yeux de Renoir. Et au final, je n'ai pas été
déçue. Promesse tenue de cette oeuvre cinématographique qui date
de 1950. Avant gardiste dans le traitement de l'Ailleurs qui se
déprend des clichés sur l'exotisme de l'époque et s'attache à une
vision documentaire, elle a certes un peu vieillie tout en
s'enrichissant de cette patine du temps du Technicolor aux charmes
des couleurs, comme du jeu des acteurs. La
bande
originale, est aussi moderne pour l'époque, des morceaux
traditionnels enregistrés là-bas ou des extraits classiques
européens (Schumann, Mozart).
L'histoire
?
Une
adolescente expatriée avec sa famille britannique à Calcutta,
Harriet raconte son passage à l'âge adulte: son premier amour, la
mort de son petit frère, la naissance du dernier...
Que
dirai-je?
Oeuvre
intemporelle, le thème principal traite de notre existence. Comme
Harriet, nous découvrons les premiers émois, l'amitié (Comment
ferait Harriet sans son trio d'amies et l'estropié de guerre qui la
console?), l'amour, les moments de joie, le temps qui passent
ponctués par les us et coutumes hindoues, les naissances mais aussi
la mort des êtres chers, qui surviennent autours du Gange, fleuve
sacré, Nature qui nous survit... La sagesse hindoue est invoquée en Kali, déesse de création et de la destruction. Mais les scénaristes
(occidentaux?), n'abandonnent point cette nostalgie de l'enfance qui
nous envahit quand nous sentons ce temps s'écouler de nos doigts
comme les grains fins de sable.
Oeuvre
ambitieuse, deux thèmes sont effleurés et auraient mérité d'être
développés pour le premier dans le scénario princeps, pour le
second dans une « Suite » ? « Renoir et Rumer
Godden
ressuscités! »
Le
premier, qui n'est pas des moindres: La mort du petit frère.
Le
second relève d'une rencontre du cinéaste avec une femme indienne
extraordinaire pour qui un personnage a été créé: Mélanie,
indienne de mère et britannique de père qui souffre de ce problème
identitaire et existentiel ! Or il est malheureusement évacuée de
façon bien maladroite par le père de la jeune fille, qui se
plaignant pour elle de sa situation, conclue devant elle: « tu
n'aurais pas du naitre ». Ce qui n'est pas relevé par Mélanie
si « sage », qui pourtant dédaigne son soupirant indien
prêt à lui donner une caste et poursuit son amourette avec les deux
autre jeunes filles occidentales.
Maintenant, il faut lire le roman pour un prochain Challenge peut être ...
(Pour
la petite histoire, Boudé par les grands
studios américains c'est un fleuriste Kenneth McEldowney qui releva
le défi de produire « le
Fleuve » ...)
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