C'est
à l'occasion de la rentrée littéraire des éditions
Lokomodo/Asgard/Lucioles, que j'ai rencontré Bénédicte Taffin, une
jeune et prometteuse auteure. J'étais intriguée par son second
roman au titre mystérieux qui associe la Pucelle, nulle autre que la
célèbre Jeanne d'Arc de la guerre de cent ans, et un démon, pas
n'importe lequel, semble-t-il, mais « Le Démon »... Je
pensais l'acquérir pour ma fille de treize ans mais Bénédicte m'en
dissuada en me mettant en garde sur l'existence de scènes sexuelles
et violentes. Je me fis donc offrir à Noël ce bel ouvrage...
L'histoire
? Jehanne,
ayant été massacrée par des démons, le mercenaire Sidoine, ramène
Oriane, une prostituée rencontrée la veille. Oriane prend donc la
place de l'élue, celle qui permettra au dauphin d'accéder au trône
et de gagner le combat contre les Azuléens.
La
lecture ?
J'ai beaucoup aimé lire ce roman à l'écriture visuelle quasi
cinématographique. Je lui suis gré d'avoir utiliser un vocable
restreint de néologismes (dont les sonorités m'ont plu!). Je n'aime pas trop peiné pour accéder à
l'imaginaire du narrateur.
Et
sur le plan narratif, l'auteure nous entraîne dans les aventures
épiques d'Oriane à travers les yeux de Sidoine, son protecteur et
amant, qui au fond est le principal protagoniste. La Hire, comme on
le surnomme (j'adore ce mot "ire" qui, pour moi d'emblée, désigne son caractère colérique!), est habité depuis son adolescence
par le Démon, un bhargoest nommé Arhkaar. En "googelisant Hire", j'ai découverts qu'il est aussi un personnage
historique, homme d'arme qui se rallie à Jeanne d'Arc, surnommé
ainsi pour des raisons obscures (colère ou lieu de naissance ou les deux?), de son vrai nom :
Étienne de Vignoles.
En
bonne conteuse, Bénédicte Taffin joue avec les contrastes : Oriane
la prostituée/Jehanne la pucelle, Sidoine l'amoureux transi/Archkaar
le démon-pervers assoiffé de sang et de sexe (qui a choqué plus
d'un lecteur et que je trouve, pour ma part, ambigû et donc très
intéressant), l'histoire de Jehanne - « la vraie »
contée en début de chapitre/ l'épisode qui s'y associe d' Oriane
emprise avec un zéphyr dans un univers de Fantasy... La
fin ne déroge pas à ce thème du double et la pirouette est
futée... Très futée!...
Que
dirai-je?
J'aime l'effraction de la fantaisie, l'imaginaire, la magie dans la
réalité alors comment ne pas être séduite par cette
« biographie » ? Cette intrusion « fantaisiste »
nous fait toucher parfois des vérités ou nous questionner
profondément... Lors de ma rencontre avec Bénédicte,
elle m'avait cité comme roman de son adolescence « Dune »
de Franck Herbert, qui l'avait interpellée sur le pouvoir et de
l'abnégation. J'avais conclue que cela rejoignait le propos de son
roman qu'elle m'avait dévoilé. Et ma foi, je ne m'étais pas trompée. Car si,
historiquement, la Pucelle se sacrifie pour le peuple et le roi. Dans
le roman, Oriane, la prostituée bisexuelle, se transforme en une
héroïne farouche, belliqueuse et pieuse, mue par un zéphir
assoiffé de pouvoir et de reconnaissance , et par amour pour Cyrielle ... Et en fin de compte, elle se retrouve au bûcher. ("Au bûcher" : oui mais non...)
Pour
la petite Histoire:
Pour son second roman, Bénédicte Taffin s'est renommée Benedict
Taffin. Il semblerait que cela soit pour se différencier de son
premier roman dédié au public jeunesse et aussi comme pied de nez à
un témoignage de lecteur qui se serait plaint que les seuls auteurs
dignes d'être lus soient anglo-saxons... Ah
Bon, c'est génétique?
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